Le système d’innovation minimum viable – SIMV – s’inspire des préceptes du lean startup, très en vogue chez les startups, et particulièrement de son produit minimum viable. Ce dernier, le MVP – de son acronyme en anglais, repose sur un processus itératif en vue de proposer très rapidement un produit (ou une application) aux fonctionnalités minimales afin de le confronter au marché. Ainsi, ce produit est enrichi et amélioré au fur et à mesure des retours des utilisateurs potentiels.
A partir de là, trois auteurs -Scott D. Anthony, David S. Duncan et Pontus M.A. Siren – ont publié, dans la revue Harvard Business Review en décembre 2014, un article qui propose une méthode pour construire une machine à innover en 90 jours, introduisant le concept de système d’innovation minimum viable. Pour ma part, j’ai découvert cet article, dans le hors-série « le must de l’innovation », que je vous conseille.
Capter l’innovation en interne
Les auteurs constatent que dans la grande majorité des entreprises, les efforts d’innovation sont désordonnés et n’émergent pas assez vite. De plus, les idées innovantes restent, le plus souvent, cantonnées au cerveau des collaborateurs. Ils proposent en réponse à cela , un système qui implique les cadres dirigeants et qui permet de capter, d’évaluer, d’encourager, de partager, de développer et de récompenser les bonnes idées.
Cela en quatre étapes sur 90 jours, avec un investissement réduit et avec les ressources disponibles en interne.
Définir ses bassins d’innovation
Jours 1 – 30.
La première étape s’étend sur trente jours et demande de définir clairement ses innovations selon deux bassins distincts. Le premier concerne les innovations qui visent à améliorer l’activité et la performance dans le cœur de métier actuel de l’entreprise. Le second, quant à lui, concerne les innovations susceptibles de révéler des nouvelles opportunités autour de nouveaux axes de croissance. En d’autres termes, il s’agit dans le premier cas de définir ce qui peut permettre de prendre plus de parts de marché, de s’étendre géographiquement ou encore d’améliorer l’efficience de l’entreprise alors que dans le second cas, il s’agit de définir ce qui permettra la création de nouveaux business models ou encore la pénétration de nouveaux marchés.
Une fois, cette catégorisation des innovations faite, l’exercice suivant est de comparer les profits que dégageraient vos activités actuelles sur les cinq prochaines années avec ceux déjà réalisés sur cette même période. Ce résultat doit permettre de répartir les efforts d’innovation selon ces deux grands bassins en gardant à l’esprit que pour la deuxième catégorie, il ne sera pas réaliste d’attendre des retours sur investissements dès le lendemain.
Cibler des domaines d’opportunités stratégiques
Jours 20 – 50.
Toujours dans l’esprit de réduire cet écart de croissance résultant de l’analyse de l’étape précédente, les auteurs conseillent d’envoyer une équipe à la rencontre des clients afin de les sonder sur les besoins encore non satisfaits. Et cela, afin qu’elle soit alerte sur les tendances au sein et en périphérie de l’activité de l’entreprise. Ceci étant fait, réunissez les cadres dirigeants pour leur présenter les résultats de cette mini étude, et enjoignez les de se positionner sur trois domaines d’opportunités stratégiques qui sont susceptibles de répondre aux besoins non satisfaits des clients, et d’offrir un avantage décisif à l’entreprise.
Monter une équipe de développement
Jours 20 – 70.
En parallèle, il est conseillé de monter une équipe dédiée au développement des innovations. Que l’équipe soit dédiée à ces innovations, est très important. C’est ce que présentent à juste titre les auteurs : moins d’un quart des startups financées par des investisseurs ne rapportent pas le moindre centime et moins de la moitié ne survivent à leur quatrième anniversaire… Nous parlons ici d’équipes dévouées entièrement à leur projet. Il est irréaliste d’attendre des résultats au moins équivalent en ne mobilisant les ressources que partiellement.
Un autre aspect important réside dans la capacité à encourager les équipes en célébrant les succès mais également en valorisant ceux qui portent des projets même en cas d’échec pour ne pas inciter vos collaborateurs à persévérer dans le développement de projets voués à l’échec.
Il est conseillé également aux innovateurs inexpérimentés d’apprendre les bonnes pratiques et de monter en compétences en lisant les ouvrages traitant des processus d’innovations tels que Business Model nouvelle génération, Lean Startup ou encore The Innovator’s DNA (liste non exhaustive). Ainsi, il est possible pour une entreprise ne disposant pas de ressources expérimentées de tout de même se lancer dans l’aventure.
Mettre en place un mécanisme de conduite des projets
Jours 45 – 90.
Enfin la dernière étape consiste à monter une équipe autonome de cadres dirigeants responsables du cycle de vie des projets d’innovation relatifs aux nouvelles opportunités de croissance. En effet, les auteurs rappellent que pour les projets relatifs au cœur de métier de l’entreprise, les systèmes traditionnels restent adaptés.
Pour ce faire, l’équipe se calquera sur les pratiques des capitaux-risqueurs à savoir :
- ne pas attendre qu’un projet fasse l’unanimité pour le lancer ;
- une fois la décision prise de lancer le projet, ne pas interférer dans les décisions quotidiennes du porteur de projet ;
- être réactive et flexible dans la prise de décision en particulier en ce qui concerne le financement des projets.
Pour aller plus loin
Voilà en ce qui concerne le système d’innovation minimum viable. Notre article vous donne une vue très synthétique du concept.
Pensez-vous que cela puisse se mettre en place dans votre organisation ? N’hésitez pas à réagir, laisser vos commentaires, suggestions ou impressions.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’article « Construire une machine à innover en 90 jours » publié dans le hors-série de la revue Harvard Business Review « le must de l’innovation« .
Comme d’habitude, si des erreurs se sont glissées dans l’article, n’hésitez pas à nous en faire part.
Merci, et à très bientôt sur Frugal Prototype
Ali Benfattoum
Intrapreneur, Tech Enthusiast, IoT Expert, Smart City Specialist…
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